H.bl.

Heures blanches
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Pont de Neuville



























































































































Lors de mon exposition à l'Espace Beaudelaire en 1986 à Rillieux-la -Pape, j'étais resté un moment ans le lieu d'exposition pour dialoguer avec les visiteurs. Un couple d'octogénaires avait alors attiré mon attention. Portant la plus grande attention à mes photographies, ils semblaient cependant perplexes et dubitatifs. Quand je les abordais, ils m'avouèrent qu'ils avaient du mal à cerner mon propos et mes intentions. Je leur montrait donc une ligne lumineuse tracée sur le sol par un beau soleil automnal, leur faisant remarquer que si l'on observait cette ligne, on voyait son épaisseur se réduire progressivement à vue d’œil. Je leur avouais donc que dans ce cas, je souhaitais capter ce rai de lumière juste avant que tout bascule totalement dans la pénombre jusqu'au lendemain. Le regard de la femme s'est alors illuminé pendant qu'elle m'affirmait : "Vous avez donc les mêmes manies que ma mère". Elle m'expliquait ensuite que sa mère, une femme besogneuse se consacrant à son foyer, avait passer tellement de journées à coudre, tricoter ou repasser dans sa cuisine qu'à la simple vue des rayons de soleil sur son vaisselier, elle pouvait indiquer l'heure exacte du jour et le jour de l'année. Elle avait totalement assimilé l'écoulement du temps, la course des saisons et le parcours du soleil sur les objets de son cadre quotidien. 
Portant ensuite un regard nouveau sur mes photographies, ils prolongèrent leur visite sereinement. 
Y.H.







Fibres minérales





































HLM Clos Jouve













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"Le petit pan de mur blanc"

Il ne faudrait pas parler longuement d'une oeuvre patiente. Il faudrait écrire rare pour une oeuvre dépouillée. Il faudrait contempler longtemps une oeuvre qui ne doit qu'à elle-même sa présence irrécusable. Yannig Hedel, photographe-dessinateur, montre simplement une oeuvre qui exprime supérieurement l'ordinaire.
Dessinateur ? Peut-être même coloriste... mais coloriste du blanc ! tout son travail typiquement photographique, puisque lié à la lumière, à la douceur, à la dureté du blanc, a cette patience du dessinateur, patience sans illusion qui s'attarde à analyser le visible, qui ne se satisfait pas des riches aspects du réel, mais qui justifie cette réalité (souvent modeste et ... murale) et qui la sacre. Photographe de la nuance de l'éclat de telle ou telle heure, il réitère sans fin cette sacralisation, car c'est quelqu'un qui n'a pas besoin de beaucoup d'espace ; silencieux et grave, il accueille l'unité de la réalité et de l'infini intérieur : Yannig Hedel officie là où les apparences s'effacent devant la forme secrète. Face à cette recherche photographique posée sur un équilibre stable dû à la transgression du médium mais aussi à la soumission à la réalité, le photographe ne dit pas : "Je cherche la beauté...", mais "C'est un petit pan de mur ... ou, c'est une cheminée.." alors que le spectateur regardait un merveilleux dessin abstrait. Ici se pose la question centrale largement débattue pour la peinture abstraite : le merveilleux y existe-t-il ou est-il une idée qui échappe au sens ? En d'autres termes, y-a-t-il quelque chose de plus qu'une forme pure dans une oeuvre abstraite?  Si en photographie, la forme est une sorte de justesse visuelle opposée à une validité seulement intellectuelle, il y a encore deux tendances irréprochables, celle qui soutient qu'il n'y a pas de mystère dans une forme et celle qui ne peut comprendre de quoi il retourne et à qui ce vide de mystère fait peur. Yannig Hedel, artiste philosophe, essaie de "se libérer" du poids écrasant du modèle (tel instant très précis s'inscrivant au coeur des pierres des villes) pour lui donner son expression autonome dans un instant de son apparence, mais pour lui, rien n'est justifié, rien ne sert, il lui importe juste qu'il fasse ce qu'il doit faire.

   Madeleine Millot-Durrenberger  , Mai 1993.




Déjeuner chez Madeleine (Strasbourg)



A Small Section of a White Wall
One should not speak at length about a patient work of art. On should describe it shortly and contemplate the work, whose incomprehensible presence is its own achievement. Yannig Hedel, a photographer – drawer, presents us the ordinary in a perfect way.

Does he draw ? Does he use colour ? – Yes, white. All his photographic works are connected with light, softness and hardness of whiteness; they show the patience of the artist, patience without illusions, patience which slowly analyses the visible; which is not satisfied with the richness of the real, but witch justifies and sanctifies the modest reality. The photographer ceaselessly repeats the sacralization ; in silence and seriously he accepts the unity of reality and inner infinitude. Yannig Hedel celebrates the occasion when the appearances give way to a secret form.
The artist does not say : “I am searching for Beauty” but : It is a small piece of a wall” or “It is a chimney”. What the viewer, however, perceives, is a marvellous abstract design. Here we should pose a basic question concerning abstract painting : does the marvellous exist or is it only an idea which escapes our senses ? If in photography the form is a kind of visual precision opposing the purely intellectual truth, then there are two various answers the question. The advocates of one theory say that there is a mystery in the form, while the supporters of the other theory do not understand the source of photographs and afraid of the void of the mystery.
Yannig Hedel, artist – philosopher, tries to liberate himself from the oppressive weight of the model (e.g. a precisely defined moment inscribed in the heart of city stones) In order to give it autonomous expression at the very moment of its appearance. For the artist himself there is nothing justified, he only desires to fulfil his task.

Madeleine Millot-Durrenberger (Translated by Anna Rojkowska)